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Les dernières nouvelles à l'étude...Afrique terre de l'humanité.
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10 avril 2006

Un article de SAN FINNA...

ASSASSINAT DE THOMAS SANKARA
19 ANS APRES, L’ONU EPINGLE LE POUVOIR BURKINABE


1) La décision du Comité des droits de l’homme

La veuve de feu le Président Thomas Sankara, Mariam Sankara, et autres ayants droit, ayant revendiqué moult années durant la vérité sur la mort du président du CNR le 15 octobre 1987, peuvent aujourd’hui sourire du coin de la bouche. Le Comité des droits de l’homme de l’ONU vient, à l’occasion de sa 86 ème session, de rendre son verdict (le 05 avril 2006) dans l’affaire Thomas Sankara, affaire pendante depuis octobre 2002.

Des points suivants sont à relever dans la décision du Comité :

- la famille de Thomas Sankara a le droit de connaître les circonstances de sa mort

- le comité rappelle que toute plainte contre les actes prohibés à l’article 7 dudit Pacte (qui dit que « nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants… ), que le Burkina a d’ailleurs ratifié, doit faire l’objet d’enquêtes rapides et impartiales des autorités compétentes

- le comité estime également que le Burkina Faso a violé l’article 9 du Pacte. Pour leur sécurité, Madame Sankara et ses enfants ont eu raison d’avoir quitté le Burkina Faso

- le comité considère que le refus de mener une enquête sur la mort de Thomas Sankara, la non-reconnaissance officielle du lieu de sa dépouille et la non ratification de l’acte de décès, constituent un traitement inhumain et contraire à l’article 7 du Pacte

- le comité estime aussi que le Burkina Faso n’a pas respecté les principes sacrés et fondamentaux qui garantissent l’égalité, l’impartialité, l’équité devant les tribunaux

- le comité condamne les violations faites en raison de l’opinion politique

- le comité considère que, contrairement aux arguments du Burkina Faso, aucune prescription ne saurait rendre caduque l’action devant le juge militaire

En clair, l’ affaire Thomas Sankara ne saurait donc en aucun cas, être classée.
Me Benewende Sankara, avec lui Me Prosper Farama, ainsi que le président du Comité international Justice pour Thomas Sankara (Monsieur Aboubacar Yatassaye), ont animé de concert une conférence de presse deux jours après le rendu de la décision pour faire leurs appréciations sur celle-ci et faire comprendre à l’opinion les possibles trajectoires que prendra ce dossier, ressorti tel un phénix de ses cendres.

2) La conférence de presse du collectif d’avocats

« Aucun monument, qu’importe la taille, ne peut absoudre un crime »

C’est en réponse à une question relative à la Journée nationale de pardon et aux monuments en voie d’érection ou déjà érigés, que les avocats faisant partie de la vingtaine d’avocats membres du Collectif international, ont dit lors de leur conférence de presse tenue le vendredi 7 avril 2006, l’obligation pour les ayants droit du président Thomas Sankara, de connaître la vérité dans cette affaire : « Aucun monument, qu’importe sa taille, ne peut absoudre un crime », dira Me Prosper Farama. Il a en outre fait le rapprochement entre le présumé putsch manqué d’octobre 2003 qui n’était vraiment pas à considérer comme tel mais qui a eu droit à un procès.

« Une suite heureuse à ce dossier aurait évité le pire à la sous région »

Aboubacar Yatassaye, vraisemblablement décidé pour que justice soit faite, a tenu le dernier propos de cette conférence de presse. Propos qui suscite à tous les niveaux, des interrogations. Nous le citons : « Si cette affaire Thomas Sankara avait été réglée à temps, tous les problèmes qu’il y a eu au Libéria, en Sierra Leone et en Côte d’Ivoire, ne seraient pas arrivés. Norbert Zongo et tous les autres n’auraient pas trouvé ces sorts. Parce que tout cela provient du même criminel ! »

Même si en matière de ratification des traités et pactes internationaux, les Etats ne sont tenus dans leur application, que par leur bonne foi, il y a lieu là de remarquer l’engagement de la communauté internationale dans la lutte contre l’impunité.
Blaise Compaoré, déjà confronté à cette affaire Taylor (désormais primordiale parmi ses préoccupations), a encore en face de lui un dossier non moins dur à mâcher : celui de Thomas Sankara, l’homme qui a donné sa vie pour une Afrique forte et indépendante.

Thierry Nabyouré

3) Analyse de cette décision

La persévérance est rarement payée en monnaie de singe. Ce ne sont pas les ayants droit de Thomas Sankara, tous ceux qui militent dans la «Campagne Internationale Justice pour Sankara » (CIJS) et tous les supporters de la justice en général qui diront le contraire, après avoir entendu la décision du Comité des droits de l’homme de l’ONU dans l’Affaire Thomas Sankara dont il est saisi depuis 4 ans par les soins de la Campagne internationale «Justice pour Sankara » CIJS : le dossier ne sera pas enterré en grande pompe comme l’a voulu le pouvoir. C’est une satisfaction pour tous mais également pour les combattants à tous les niveaux de l’impunité et de la justice à deux vitesses, protectrice par excellence des dictateurs.

Pourtant, ce n’est pas faute pour le régime de Blaise Compaoré d’avoir sur ce dossier, comme d’autres, mis le prix pour que la justice nationale le passe aux pertes et profits. Exploitant à merveille le principe de la subsidiarité appliqué dans les affaires pénales et qui veut que les juridictions internationales ne connaissent d’une affaire que si au plan national, elles se révèlent incapables de dire le droit, il a fait mine de laisser la bride large à la justice burkinabé pour trancher l’affaire, jurant à chaque fois de l’indépendance de la grande maison du glaive et de la balance, pour finalement arriver là où on l’attendait : débouter purement et simplement les plaignants.

Mais voilà, c’était oublier que « guetté, il guettait » ! Le CIJS n’en demandait pas plus ; il a porté l’affaire au niveau international avec des éléments surabondants pour prouver que la justice a été bridée au plan national, qu’il n’y avait pas volonté de rendre justice dans ce dossier aux ayants droits et il a eu gain de cause.

Ce n’est pas pour rien que l’on fait le moins de bruit possible sur cette affaire en interne alors que dans les milieux spécialisés, on la célèbre comme un évènement de portée historique et mondiale.

Et de fait, l’importance du verdict ne tient pas seulement en la personnalité de feu Thomas Sankara, elle tient aussi à plusieurs autres considérations. Les Nations Unies, par le canal du Comité, ont donné raison à tous ceux qui dénonçaient la justice burkinabé, l’accusant d’être aux ordres de l’Exécutif. La preuve est maintenant faite, à travers cette affaire, qu’il y a eu manipulation et que la justice au Burkina Faso est loin d’être cet organe indépendant dont on vante à l’envie les qualités dans bien de cercles médiatiques et diplomatiques.

La deuxième chose réside dans cette espèce d’espérance qui est ainsi ouverte sur l’avenir. Cette chance que porte le dossier de permettre à la famille, aux amis, de pouvoir enfin, grâce à un jugement juste, faire le deuil de leur disparu.

Mais comment aussi ne pas souligner l’opportunité qui est ainsi donnée à la gouvernance mondiale de rassurer les citoyens du monde que ce n’est pas la loi de la jungle qui gouverne le monde, qu’il ne sera pas plus toléré à ce niveau que toléré au plan interne de distinction entre deux catégories de prévenus : ceux d’en bas et ceux d’en haut, de montrer que même des personnalités ayant rang de chef d’Etat, peuvent se retrouver sur le banc des accusés ?

Après l’arrestation de Charles Taylor et son renvoi devant le Tribunal spécial sur la Sierra Leone avec les présomptions de complicité qui pèsent sur le pouvoir burkinabé, le verdict du Comité des droits de l’homme de l’ONU vient compliquer les choses. Ce n’est pas pour rien que, commentant la décision historique, il n’en manque pas pour relever entre autres témoignages devant le tribunal spécial sur la Sierra Leone, celui du général Tarnie qui n’est pas passé par quatre chemins pour stigmatiser la complicité entre le président du Burkina Faso et l’ancien chef rebelle Charles Taylor. En effet, dans sa déposition devant le tribunal sur la Sierra Leone, le général a été direct et incisif en soutenant que le régime du Burkina Faso s’est acoquiné avec ce chef de guerre qui a été arrêté et qui comparaît pour ses exactions.

DT

Disponible a cette adresse: http://www.sanfinna.com/EtatdelaNation1.htm

Le numero de la semaine est excellent allez le lire.

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Commentaires
A
Je reside aux Etats-Unis and nous voulons la justice pour Thomas Sankara. Il etait un homme integre et le sera pour toujours
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